Recul du taux de propriétaires en France

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Selon l’enquête Patrimoine de l’INSEE, la part des propriétaires occupants parmi l’ensemble des ménages résidant en France (hors Mayotte) est en baisse d’environ 1 point sur trois ans. Le taux de propriétaires, après avoir culminé à 58,7% en 2014-2015, n’est plus que de 57,8% en 2017-2018, retrouvant ainsi, à peu de choses près, son niveau de 2009-2010[1].
Ce recul n’est pas une surprise. D’abord parce que plusieurs pays étrangers ont vu depuis plusieurs années leur taux de propriétaires diminuer, pour certains de façon bien plus marquée. C’est le cas notamment de l’Espagne, du Danemark, de l’Irlande et surtout, des Etats-Unis et du Royaume-Uni. Ces deux derniers pays ont connu une baisse particulièrement forte : 6,3 % aux Etats-Unis entre 2005 et 2015 (le taux a remonté depuis lors de plus d’un point), 4,9 % au Royaume-Uni entre 2010 et 2014[2]. En France, il suffisait d’examiner les taux de propriétaires par tranche d’âge pour comprendre que la légère augmentation des dix premières années du siècle tenait à un effet de structure : le fort poids démographique de la génération du baby boom, massivement propriétaire[3]. L’avancée en âge de cette génération, alors que le taux de propriétaires est plus faible parmi celles qui suivent, devait nécessairement se traduire par une baisse. La publication précitée de l’INSEE confirme que les ménages de 70 ans ou plus sont plus souvent propriétaires de leur résidence principale que ceux des tranches d’âge immédiatement inférieures. Selon les auteurs, « Depuis la fin des années 2000 […] la détention [immobilière] a baissé de 6,8 points pour les ménages dont la personne de référence a entre 50 et 59 ans et de 7,4 points quand elle a entre 60 et 69 ans. Ces diminutions pourraient traduire un accès à la propriété plus difficile pour les générations nées au tournant des années 1960 et une désaccumulation plus précoce pour celles nées dans les années 1950 ».
Comme dans le même temps la valeur du patrimoine logement des ménages s’est sensiblement accrue (3 680 milliards d’euros en 2017 contre 3 074 milliards en 2010 selon les comptes de patrimoine de l’INSEE), on ne peut qu’en conclure que sa concentration a augmenté. Là encore, cette évolution n’est pas spécifique à la France qui connaît à son tour, et avec sans doute moins d’intensité, une évolution observée dans les pays anglo-saxons.

Jean Bosvieux
Décembre 2018.


[1] Marie-Cécile Cazenave-Lacrouts, David Guillas, Guillaume Lebrault, « Le patrimoine des ménages en 2018 », INSEE première n°1722, décembre 2018.

[2] Sources :  Etats-Unis : Homeownership Rate for the United States, U.S. Bureau of the Census ; autres pays : base de données sur le logement abordable de l’OCDE.

[3] Jean Bosvieux, « Statuts résidentiels : vers la neutralité fiscale ? », Politiquedulogement.com, février 2015.

Auteur/autrice

  • Jean Bosvieux

    Jean Bosvieux, statisticien-économiste de formation, a été de 1997 à 2014 directeur des études à l’Agence nationale pour l’information sur l’habitat (ANIL), puis de 2015 à 2019 directeur des études économiques à la FNAIM. Ses différentes fonctions l’ont amené à s’intéresser à des questions très diverses ayant trait à l’économie du logement, notamment au fonctionnement des marchés du logement et à l’impact des politiques publiques. Il a publié en 2016 "Logement : sortir de la jungle fiscale" chez Economica.

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