Rénovation énergétique

Au sens large, selon le Code de la Construction, la rénovation désigne « tous types de travaux sur tout ou partie d’un bâtiment existant autre qu’une extension ». La notion peut être rapprochée de celle de réhabilitation (faire un lien vers l’entrée de dictionnaire Réhabilitation).
La rénovation énergétique recouvre pour sa part la réalisation de travaux touchant aux postes du bâtiment ayant une incidence sur ses consommations d’énergie. Concrètement, il s’agit d’interventions sur l’enveloppe du bâtiment (murs, toitures, planchers bas, fenêtres) ou sur ses équipements (chauffage, eau chaude sanitaire, ventilation, rafraichissement).
La rénovation énergétique est nécessaire pour répondre à de nombreux objectifs environnementaux (réduction des gaz à effet de serre, préservation des ressources énergétiques (comme par exemple le bois), nécessité d’adapter nos consommations d’énergie à la capacité du système énergétique à produire une énergie à faible impact environnemental, limitation des pics de consommation électrique…), mais également économiques et sociaux (précarité énergétique) ou sanitaires (confort d’hiver et d’été, qualité de l’air intérieur comme extérieur…).
Le terme « rénovation énergétique » est marqué par une grande polysémie. En effet, il peut désigner des interventions d’ampleur très différente, depuis la réalisation d’un geste sur un seul poste (ex : changer les fenêtres, isoler les combles) jusqu’à la rénovation dite globale, c’est-à-dire qui concerne l’ensemble des gestes nécessaires pour réduire au maximum la consommation d’énergie du logement.
Cette polysémie rend difficile le suivi de la dynamique de rénovation en France. « En l’absence de définition unanimement admise de ce qu’est une “rénovation énergétique”, leur comptabilisation constitue un exercice délicat » (ONRE, 2022). En effet, selon la perspective considérée, on peut compter soit :

  • Le nombre de gestes effectués sur des postes de travaux pouvant avoir une incidence énergétique (par exemple : refaire un mur, changer la chaudière…), ce qui permet de faire un suivi du marché et des besoins en emploi spécifiques à chaque type d’intervention sur le bâti. L’enquête TREMI qui porte sur la rénovation des maisons individuelles faisait ainsi état de 14 millions de gestes, réalisés sur 6,4 millions de maisons individuelles (soit 40% d’entre elles) entre 2017 et 2019. Parmi ces gestes, néanmoins, seuls 3,5 millions (concernant 2,3 millions de maisons) auraient conduit à réduire la consommation d’énergie du logement (ONRE, 2022).
  • Le nombre de logements ayant fait l’objet d’un ou plusieurs gestes de rénovation, ce qui permet de documenter la part des logements concernés par une rénovation une année données. Par exemple, « entre 2016 et 2020, le nombre de logements aidés varie entre 1,7 et 2,4 millions selon les années » (ONRE, 2023).
  • Le nombre de logements ayant fait l’objet d’une rénovation performante, ce qui permet de suivre la dynamique, mais surtout le décalage entre le rythme actuel et celui nécessaire pour l’atteinte des objectifs énergie / carbone de la France. En effet, en 2022, l’Observatoire BBC de l’association Effinergie, qui gère le label BBC-Rénovation, comptait environ 40 000 rénovations BBC sur l’année.

En 2021, la Loi Climat & Résilience a introduit pour la première fois dans le corpus juridique français la notion de rénovation énergétique performante. Elle la définit comme un ensemble de travaux permettant d’atteindre les classes A ou B du DPE (c’est-à-dire les exigences du label BBC-rénovation révisé en 2023) où :

  • L’atteinte de la classe C pour des logements classés F et G ;
  • En cas d’exemptions (contraintes architecturales, techniques, architecturales ou patrimoniales ou de coûts manifestement disproportionnés par rapport à la valeur du bien), un gain d’au moins deux classes.

Le Diagnostic de Performance Energétique (DPE) est ainsi devenu le cœur de la définition de la rénovation performante. Après sa réforme de 2021, celui-ci a évolué pour prendre en compte les enjeux d’émission carbone des logements. Aussi, les étiquettes A et B du DPE désignent des logements qui consomment peu d’énergie et ont de faibles émissions carbone. Etiquettes A et B correspondent également au label BBC-rénovation (une réforme du label est en cours).
A l’heure actuelle, on estime que moins de 5% du parc de résidences principales en France métropolitaine est classé en étiquette A ou B (SDES, 2022). L’enjeu de rénovation du parc est donc d’ampleur. Les 40 000 rénovations BBC actuelles sont en effet à mettre en perspective avec les 600 000 à 800 000 rénovations performantes annuelles nécessaires (selon les différents scénarios prospectifs – ADEME, RTE, négaWatt, The Shift Project) pour placer le parc de logements français sur une trajectoire compatible avec la neutralité carbone à 2050.
A l’avenir, la définition de la rénovation performante pourrait évoluer pour prendre en compte de nouveaux enjeux, et notamment, ceux liés à l’adaptation au changement climatique (protection contre la chaleur en été, intervention pour remédier au phénomène de retrait-gonflement des argiles, etc.).

Albane Gaspard, août 2023


Sources :

  • ONRE (2023), Les rénovations énergétiques aidées du secteur résidentiel entre 2016 et 2020

https://www.statistiques.developpement-durable.gouv.fr/les-renovations-energetiques-aidees-du-secteur-residentiel-entre-2016-et-2020

  • ONRE (2022), La rénovation énergétique des logements, bilan des travaux et des aides entre 2016 et 2019, Résultats définitifs

https://www.statistiques.developpement-durable.gouv.fr/sites/default/files/2022-03/rapport_onre_mars2022.pdf

https://www.statistiques.developpement-durable.gouv.fr/le-parc-de-logements-par-classe-de-performance-energetique-au-1er-janvier-2022-0

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