Ce terme d’origine anglaise (que l’on peut traduire par « grenier ») est apparu en France dans les années 70 pour désigner un grand volume vide susceptible d’être aménagé en espace de vie pour la résidence et d’autres activités.
Ce type d’espace détourné à des fins d’abord résidentielles se trouve souvent dans d’anciens entrepôts désaffectés des quartiers anciens. L’accélération de leur abandon dans les années de forte restructuration industrielle (années 70-80), et leur faible valeur marchande initiale, tant à l’achat qu’à la location, a attiré un public de niveau intellectuel élevé, mais de niveau économique souvent réduit et aléatoire (artistes par exemple). Les occupants du loft bénéficient alors d’une surface abondante, sans partition intérieure, permettant des aménagements très libres où l’on peut associer dans un même lieu un espace de vie personnel et un espace de travail créatif.
À l’origine reconversion pour une autre destination de locaux à usage industriel et commercial, le loft s’est bientôt transformé en modèle architectural et social particulier de la résidence, adapté à une clientèle « branchée » – apparentée à cette catégorie que l’on appelle les « bobos » (contraction de bourgeois-bohème) -, non plus aménagé dans des bâtiments existants, mais réalisé dans le cadre de constructions neuves. Le caractère expérimental des programmes du Plan Construction du Ministère de l’équipement aura ainsi permis de financer la réalisation des logements à grande surface des architectes Jean Nouvel et Pierre Soria à Saint-Ouen (1989), véritables « lofts » sans le dire. Il ne s’agit plus ici d’un détournement, mais d’un type résidentiel en soi, avec toutes les caractéristiques du loft : la surface des logements, le caractère minimal de leur partition, leur situation dans un environnement encore marqué par le paysage industriel de cette banlieue, le traitement architectural des façades, ayant recours, pour la première fois dans le logement, au bardage métallique.
Daniel Pinson
Mars 2015