Centre d’hébergement

Ont pour fonction d’accueillir pour un temps limité les personnes et les familles connaissant d’importantes difficultés sociales, principalement en matière d’accès au logement.

Il existe une grande variété de formules d’hébergement pour les personnes en difficulté. Un dispositif central relève des centres d’hébergement et de réinsertion sociale (CHRS). De tels centres existent sous des formes diverses depuis le lendemain de la deuxième guerre mondiale. D’abord principalement destinés à aider les femmes à sortir de la prostitution, ils ont élargi leurs missions en direction des personnes sortant d’hôpital ou de prison, puis aux vagabonds et, depuis 1974, à tout adulte ou famille en difficulté sociale. La loi de lutte contre les exclusions du 29 juillet 1998 définit les rôles des CHRS et permet de distinguer :
– Ce qui relève de leur mission principale, à savoir la démarche de réinsertion qui ajoute au simple hébergement temporaire, un ensemble d’actions destinées à favoriser l’autonomie des personnes ;
– L’hébergement seul au titre de l’aide sociale à l’hébergement (ASH),
– L’hébergement d’urgence caractérisé par une prise en charge immédiate et limitée à quelques jours ;
– L’accueil de jour permettant aux personnes sans domicile de bénéficier de prestations diverses, telles qu’une douche, la mise à disposition d’un vestiaire ou la prise d’un repas.
Les CHRS proposent également des services de conseil et d’orientation, un suivi social externe et parfois des activités d’atelier rémunérées.
Depuis le début des années 1990, les modalités de l’hébergement institutionnel se sont considérablement diversifiées, souvent pour tenir compte des spécificités des publics accueillis. Depuis les années 2010, en raison des évolutions migratoires, d’autres établissements médico-sociaux visant l’hébergement des demandeurs d’asile et des réfugiés se sont largement développés. On trouve notamment, à côté des CHRS et des autres hébergements (en particulier avec un recours accru aux hôtels), les Centres d’accueil de demandeurs d’asile (CADA), les Centres provisoires d’hébergement (CPH) pour les personnes ayant obtenu le statut de réfugiés, les maisons relais ou pensions de famille pour un accueil plus durable, etc.
La « refondation de l’hébergement » entreprise à partir de 2007 vise à réformer le système en limitant le nombre de personnes à la rue, à favoriser les démarches visant au « logement d’abord » lorsque le passage par l’hébergement n’est pas considéré comme nécessaire et à humaniser les centres d’hébergement existants.
Fin 2020 on comptabilisait 45 000 places de CHRS (contre 28 000 en 1990), 78 000 places dans des centres spécialement dédiés à l’hébergement en urgence (contre 3 400 en 1990), 70 000 places d’hôtel mobilisées par l’État (contre 0 en 1990), 107 000 places dans les hébergements (CADA et autres) pour les demandeurs d’asile (contre 2 500 en 1990).
Ces simples chiffres montrent que le domaine de l’hébergement s’est très substantiellement étendu, jusqu’à constituer une part maintenant significative de la politique du logement.

Julien Damon et Jean-Claude Driant
Mars 2023

hospitalité, exclusion, précarité, accompagnement social

Auteur/autrice

  • Jean-Claude Driant

    Professeur émérite à l'Ecole d'urbanisme de Paris (Université Paris-Est Créteil). Spécialiste de l'habitat, Jean-Claude Driant consacre l'essentiel de ses recherches et enseignements à la socio-économie du logement, aux politiques nationales et locales de l’habitat, au parc locatif social et au fonctionnement des marchés immobiliers. Avant d'intégrer l'enseignement supérieur, il a travaillé pendant six ans pour un bureau d'études spécialisé, parallèlement à la préparation d'une thèse sur les conditions d'habitat dans les quartiers populaires de Lima (Pérou).Travaillant régulièrement en coopération avec des services de l'État, des collectivités territoriales et divers acteurs du logement, il est l'auteur d’ouvrages, et d’articles consacrés au logement en France. Ses travaux actuels et futurs portent principalement sur les articulations entre le fonctionnement des marchés locaux du logement et la mise en œuvre des politiques territoriales impliquant l'habitat. Il est membre de la commission nationale des Comptes du Logement, du conseil de l'Observatoire national de la Pauvreté et de l'Exclusion sociale (ONPES), du conseil de l’Observatoire de la vie étudiante (OVE) ; il participe à divers travaux du Conseil national de l’information statistique (CNIS) et aux conseils d’administration de divers organismes du domaine du logement. Il participe au comité de pilotage du rapport annuel sur le mal logement de la Fondation Abbé Pierre.