Famille

Notion plurielle. Chaque discipline en propose une définition plus ou moins explicite.

Les démographes s’intéressent avant tout à la famille biologique à travers la fécondité et principalement à la famille de fait dans le cadre de la corésidence ; depuis peu ils prennent en compte l’entourage* familial dans leurs recherches. Les statisticiens repèrent la famille au sein du ménage qui est l’unité de collecte du recensement (famille nucléaire et famille monoparentale), les sociologues les ethnologues et les historiens élargissent la notion de famille en tenant compte de la famille étendue et du groupe domestique* ; les juristes se fondent sur les liens de sang (ligne directe, ligne collatérale mesurée par le degré de parenté) et les liens de droit.
Le terme de famille ne désigne pas seulement les liens parents-enfants. Il désigne plus généralement les liens de filiation et d’alliance entre les individus, fussent-ils lointains comme des cousins ou cousines au second degré.
L’INSEE adopte la définition suivante : « Une famille est la partie d’un ménage comprenant au moins deux personnes et constituée :
– soit d’un couple vivant au sein du ménage, avec le cas échéant son ou ses enfant(s) appartenant au même ménage ;
– soit d’un adulte avec son ou ses enfant(s) appartenant au même ménage (famille monoparentale).
Pour qu’une personne soit enfant d’une famille, elle doit être célibataire et ne pas avoir de conjoint ou d’enfant faisant partie du même ménage.
Un ménage peut comprendre zéro, une ou plusieurs familles ».
A l’intérieur du même ménage, ne sont prises en compte que deux familles au maximum : celle comprenant la personne de référence du ménage, constitue la famille dite principale, l’autre famille est dite secondaire. Tous les individus qui n’appartiennent pas à une famille, principale ou secondaire, sont classés comme isolés.
En France, les statistiques nationales disponibles ne permettent pas d’identifier finement les relations entre les membres de la famille au sein du ménage. Ainsi une veuve et son petit fils ne sont pas considérés comme une famille, alors que deux conjoints, quelle que soit la durée de leur union (n’eût-elle que deux mois au moment du recensement) sont considérés comme formant une famille. Les liens entre collatéraux ne sont pas reconnus; par exemple, deux frères vivant ensemble sont considérés comme un ménage sans famille. Ne sont retenues comme familles que les familles nucléaires et les familles monoparentales. Si l’une de ces deux formes simples n’existe pas au sein du ménage, celui-ci ne comporte pas, aux yeux des statisticiens français, une famille, même si les personnes sont apparentées. Enfin, en présence d’une famille nucléaire, il est impossible de distinguer les familles recomposées, d’un couple parental et ses enfants.
En résumé, le véritable problème est de donner un rôle central à la résidence, et de ne tenir compte que très partiellement des liens familiaux dans la définition de la famille, cela d’autant plus que l’usage du mot ‘famille’, dont l’acception est plurielle, prête à confusion. De fait, dans les études statistiques, la description des structures familiales à partir des données du recensement va servir de référence pour les chercheurs comme les aménageurs ou les décideurs politiques. Sous cet angle, la famille apparaît comme un sous-ensemble du ménage, alors qu’on peut inverser les termes et penser que le ménage n’est qu’un sous-ensemble de la famille. Cette approche, qui réduit la famille à l’unité statistique du ménage, ne permet pas de saisir la réalité familiale actuelle en prenant en compte les proximités résidentielles entre membres de la famille qui ne corésident pas mais qui entretiennent des relations suivies et parfois quotidiennes (parents et leurs enfants adultes en couple ou non). Elle ne permet pas non plus d’envisager les besoins en termes de logement et de proximité résidentielle des couples parentaux séparés accueillant leurs enfants en alternance, ni les besoins des familles recomposées.

Catherine Bonvalet et Eva Lelièvre
Mars 2015

→ cohabitation, ménage, transmission, « Evolution de la famille et modes d’habiter : les grandes évolutions depuis les années cinquante »

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