Les pièces d’un logement sont définies par l’INSEE de la façon suivante :
“Les pièces d’habitation comprennent les chambres à coucher, salle à manger, salle de séjour, salon, studios, quelle que soit leur surface, ainsi que les chambres de service (ou autres pièces annexes) non cédées à des tiers. Elles ne comprennent pas les entrées, les couloirs, salle de bains, penderies, alcôves, W-C, etc., ni les pièces réservées à un usage uniquement professionnel. La cuisine est comptée comme pièce d’habitation lorsqu’elle a plus de douze mètres carrés. Dans certains logements, il n’y a pas de séparation (ou alors une séparation amovible) entre deux « pièces ». Dans un tel cas, on compte deux pièces s’il existe des amorces de cloisons, une pièce seulement s’il n’y en a pas.”
Cette définition, par son luxe de détails, donne bien la mesure des difficultés rencontrées sur le terrain. Ce n’est qu’au début du siècle que les statisticiens commencent à se préoccuper de dénombrer précisément les pièces des logements. En 1891 et 1896, des enquêtes avaient été réalisées, sous la direction de Jacques Bertillon : initialement, il s’agissait surtout, sous l’influence des hygiénistes, de décrire l’état de surpeuplement dans lequel vivait la population, notamment en ville, afin d’évaluer les besoins en logements. La détermination du nombre de pièces apparaît pour la première fois dans les instructions du recensement de 1901 : ces dernières stipulent alors de comptabiliser comme pièce d’habitation toute partie du logement destinée à l’habitation et assez grande pour y placer un lit. En 1911 et 1926, la pièce doit être séparée par des cloisons allant jusqu’au plafond, mais antichambres, cuisines et cabinets de toilette sont aussi considérés comme des pièces s’ils sont assez spacieux pour accommoder un lit. En 1946, la cuisine n’est plus prise en compte, sauf si elle contient effectivement un ou plusieurs lits. En revanche, on fait la distinction entre les cuisines familiales, c’est-à-dire celles où la famille prend habituellement ses repas, et les « petites » cuisines. En 1954, on distingue les cuisines de moins de sept mètres carrés, et deux catégories de « grandes » cuisines selon qu’elles servent ou non de salle commune.
Ces différentes évolutions de la définition du nombre de pièces mettent bien en évidence la préoccupation de cerner le mieux possible le mode de vie des ménages à travers l’usage de l’espace habité : une cuisine est une pièce lorsque l’on peut y manger comme le montre la limite de 12 mètres carrés retenue dans la définition actuelle qui correspond au seuil (fixé par les statisticiens) à partir duquel la cuisine est bien reconnue comme le lieu privilégié des repas.
Depuis la Seconde Guerre mondiale, les conditions de logement se sont considérablement améliorées avec la croissance continue de la taille moyenne des résidences principales. En 1946, cette dernière était de 2.7 pièces et dépasse en 2010 le seuil des 4 pièces. Compte tenu de la baisse de la taille moyenne des ménages liée à la chute de la fécondité (3.07 en 1946, 2.3 en 2010) et de l’augmentation de la surface des habitations avec la forte construction de maisons individuelles, les habitants disposent ainsi de plus en plus d’espace dans leur logement (1.8 pièces par personne actuellement contre 0.9 en 1946).
Catherine Bonvalet et Arnaud Bringe
Mars 2015