Vit au sens propre de ses rentes, en particulier sur l’Etat. Il ne travaille pas et mène donc une vie de rentier qui peut être fastueuse ou étriquée, selon les cas et l’importance du capital possédé.
La rente, en économie agricole en particulier, au XVIII et XIXème siècles traduit un profit différentiel qu’un acteur peut obtenir par rapport à ses concurrents (écart de coût de production et/ou capacité à vendre plus cher). En France, la rente d’Etat apparut pour pallier l’absence de système de crédit. L’État empruntait à l’époque sans que le prêteur puisse exiger un remboursement. Seul l’emprunteur pouvait en décider. Un tel système, où la rente perpétuelle est obtenue en général à titre onéreux, perdura jusqu’à la troisième République. C’est l’inflation et l’instabilité financière qui mirent fin à un tel système.
Par extension, le terme « rentier » fut progressivement réservé à celui qui vit de ses rentes et/ou à un gros patrimoine placé sans risque.
C’est pourquoi, au XIXème siècle et dans la première partie du XXème, les propriétaires fonciers ou d’immeubles locatifs étaient souvent assimilés à des rentiers. Le thème se trouve largement développé dans l’œuvre d’Honoré de Balzac et de manière très négative dans les caricatures de Daumier. Ce temps est, pour l’essentiel, révolu même si de nombreux sites Internet évoquent les voies et moyens de devenir rentier grâce à des placements immobiliers.
Pourtant, le bailleur privé, qu’il travaille ou non par ailleurs, ne peut être assimilé à un simple rentier. Il offre un service essentiel à des ménages, le plus souvent jeunes et/ou mobiles, contre un loyer. Cette activité exige l’immobilisation de capitaux et n’a de sens que si elle offre un rendement minimum.
En immobilier, le mot « rentier » a néanmoins trouvé à se perpétuer dans le cadre de la vente en viager (libre ou occupé). De fait, cette dernière met en relation un vendeur et un acquéreur. Le vendeur est dénommé le crédirentier car il perçoit la rente viagère que verse son débiteur, le débirentier. La rente versée est aussi appelée aréage.
Bernard Coloos
Mars 2015