Letrouit Lucie

Auteur/e

Letrouit Lucie

Discipline

Analyse et politique économiques

Titre

Three essays on the economics of social integration in an urban context

Université

Paris EHESS

Date de soutenance

10/12/2020

Directeur/trice de thèse

Thierry Verdier, Miren Lafourcade.

Résumé

Cette thèse se compose de trois essais aux approches complémentaires portant sur l'économie de l'intégration sociale en milieu urbain. Le premier essai analyse l'émergence de hiérarchies ethno-culturelles dans un contexte multi-culturel, typique des grandes métropoles actuelles. Cette émergence est étudiée au moyen d'un modèle de théorie des jeux évolutionnaires selon lequel une vision hiérarchique commune émerge, dans une société, à partir d'une multitude d'interactions indépendantes entre membres des différents groupes ethno-culturels en présence. L'originalité du modèle proposé tient à l'inclusion de plusieurs minorités et conceptions hiérarchiques (i.e. modèle multi-groupes et multi-stratégies) et à la prise en compte des effets réciproques que plusieurs minorités peuvent avoir sur les statuts sociaux des autres. Ces effets permettent d'expliquer la relation non-linéaire entre taille d'une minorité et statut social suggérée par la littérature empirique, ainsi que les effets complexes de l'arrivée d'une nouvelle minorité sur les autres minorités. Le processus évolutionnaire étudié suggère que la hiérarchie ethno-culturelle adoptée est, dans la plupart des cas, économiquement sous-efficace car trop inégalitaire. Le deuxième essai présente un modèle d'économie urbaine adapté au contexte des villes d'Afrique sub-Saharienne où la propriété foncière est souvent informelle et incertaine et où les transactions foncières sont souvent entravées par d'importantes asymétries d'information entre acheteurs et vendeurs. Le modèle permet d'étudier théoriquement l'impact de deux institutions visant à réduire l'incertitude liée aux transactions. La première consiste en un système d'enregistrement formel des terrains dans un cadastre géré par l'administration, la deuxième en une norme sociale traditionnelle de confiance liant certains groupes sociaux. Le modèle qui est, à notre connaissance, le premier à étudier l'effet d'une norme sociale sur le fonctionnement d'un marché immobilier urbain et la structure urbaine, montre que le système d'enregistrement est plus efficace que la norme sociale si les coûts d'enregistrements sont limités, mais que les deux institutions sont en partie substituables. Il prédit que l'enregistrement des terrains remplacera progressivement les normes traditionnelles de confiance dans le futur, à mesure que les coûts d'enregistrement décroîtront.Enfin, le troisième essai consiste en une analyse économétrique des effets du Programme National de Rénovation Urbaine (PNRU), lancé en France en 2003 pour la rénovation de 600 quartiers défavorisés. Afin d'éviter certains biais liés à l'hétérogénéité des effets du programme entre les différents quartiers et entre les différentes périodes temporelles, nous mobilisons le tout récent estimateur DID_M développé par De Chaisemartin and D'Haultfoeuille (forthcoming) et complémentons ses résultats par une plus traditionnelle estimation de différences-de-différences. Nos résultats indiquent que le programme a eu des effets non-significatifs et, de toute façon, très limités (moins de 3.5%) sur les prix immobiliers dans les quartiers rénovés. Les effets sur les volumes de transactions sont aussi non significatifs. Toutefois, le programme a engendré une sensible évolution à la hausse du profil socio-professionnel des acheteurs de logement par rapport aux vendeurs, suggérant une certaine amélioration de l'attractivité des quartiers rénovés.

Mots-clés

Marché immobilier et foncier, interaction sociale, propriété foncière, norme sociale

Accès en ligne

https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-03168299

Auteur/autrice

  • Jean Bosvieux

    Jean Bosvieux, statisticien-économiste de formation, a été de 1997 à 2014 directeur des études à l’Agence nationale pour l’information sur l’habitat (ANIL), puis de 2015 à 2019 directeur des études économiques à la FNAIM. Ses différentes fonctions l’ont amené à s’intéresser à des questions très diverses ayant trait à l’économie du logement, notamment au fonctionnement des marchés du logement et à l’impact des politiques publiques. Il a publié en 2016 "Logement : sortir de la jungle fiscale" chez Economica.