Auteur/e
Granier Anne
Discipline
Histoire
Titre
La Zone et les zoniers de Paris, approches spatiales d'une marge urbaine (1912-1946)
Université
Lyon
Date de soutenance
07/12/2017
Directeur/trice de thèse
Jean-Luc Pinol
Résumé
La zone de Paris est une zone de servitude militaire de 250 m courant sur environ 35 km, grevée par une servitude non aedificandi qui, dès 1850, n’est pas respectée. En 1912, deux conventions sont signées entre l'Etat et Paris. La loi du 19 avril 1919 prononce le déclassement de l'enceinte, sa cession à Paris et le maintien d'une servitude non aedificandi dite d'hygiène sur la zone. Paris doit alors se lancer dans l'expropriation de la zone. La thèse étudie cette appropriation parisienne grâce à des sources variées (plans, dénombrements, photographies aériennes etc.), le plus souvent rentrées dans un système d'information géographique (SIG). Elle revient sur l'argumentaire du déclassement et l'histoire de la construction et étudie les textes et procédures d'expropriation. Loin du fantasme d'espace neutre qui parcourait l'administration parisienne, l'expropriation discrimine entre morceaux de zone. La zone ne présente pas un visage uniforme et les usages qui l'affectent (habitation en dur ou précaire, industrie, zones de stockage, jardins potagers) sont variés. La thèse cherche à déterminer des logiques d'organisation, en lien avec la banlieue, et souligne aussi, à une échelle plus fine, les critères qui orientent vers une destinée parcellaire. L'attractivité de la zone pour ses habitants est particulièrement étudiée : elle permettait, pour un moindre coût, d'avoir accès à la propriété des constructions et à une forme d'espace en plus. Zone et zoniers sont construits pour être en marge, le processus même de l'expropriation entraîne une précarisation des statuts et une dégradation accélérée du bâti et des conditions de vie, notamment dans les mois qui précèdent l'évacuation. Si cette disqualification à la ville est originelle du fait de la servitude et de l'obligation de précarité, tant matérielle que temporelle, elle s'accentue pendant l'entre-deux-guerres. En effet, la population zonière change. Les « nouveaux » venus ne motivent pas les mêmes discours de protection que les « petits zoniers » du début du siècle. Par ailleurs, la construction d'une urbanité normale et normée, celle des HBM des fortifications, permet, par contraste, la disqualification des zoniers et de leur mode de vie, jugé non-urbain ou mal-urbain. Ainsi, presque toute politique de relogement des habitants, une problématique centrale dans la résorption des taudis urbains, est abandonnée du fait de cette prétendue inadéquation à la ville et à ses valeurs, mais aussi d'un coût jugé excessif.
Mots-clés
Marge urbaine, expropriation, taudis, logement insalubre
Principales conclusions
La thèse a permis de reconstituer précisément le déroulement des expropriations sur la Zone de Paris. En proposant une étude des pleins et des vides de la chronologie et de la localisation des expropriations, elle a permis d'identifier plus nettement les objectifs parisiens, les difficultés rencontrées et les solutions trouvées (semi-abandon mais maintien d'une surveillance, stratégie de documentation, abandon de la procédure normale d'expropriation pendant les années de guerre). La thèse s'est attachée à souligner la variété des usages de la zone, à les localiser et à les dater lorsque cela était possible. Elle a aussi insisté sur les usages courants de la zone comme le jardin potager et surtout l'habitation. A cet égard, la thèse a montré, à l'aide du dépouillement de nombreuses fiches d'estimation, l'importance de la notion d'espace en plus, comme chez les "mal-lotis". Plus largement, la thèse a milité pour l'usage des SIG en histoire urbaine, montrant qu'un espace entièrement exproprié, aujourd'hui disparu, presque hors plan puisqu'en théorie non constructible, pouvait être reconstruit et analysé.
Articles/WP liés à la thèse
« Une politique d’abandon surveillé : la zone de Boulogne-sur-Seine pendant l’entre-deux-guerres (1919-1933) », Espaces et sociétés 2017/4 (n° 171)
Auteur/autrice
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Jean Bosvieux, statisticien-économiste de formation, a été de 1997 à 2014 directeur des études à l’Agence nationale pour l’information sur l’habitat (ANIL), puis de 2015 à 2019 directeur des études économiques à la FNAIM. Ses différentes fonctions l’ont amené à s’intéresser à des questions très diverses ayant trait à l’économie du logement, notamment au fonctionnement des marchés du logement et à l’impact des politiques publiques. Il a publié en 2016 "Logement : sortir de la jungle fiscale" chez Economica.
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