Les aspirations des Français en matière de logement en 1945 : un regard sur l’histoire du modèle pavillonnaire

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En 1947, l’INED publie les résultats d’une grande enquête sur les désirs de la population française en matière d’habitation qui  constitue un modèle de recherche innovant et qui apporte des connaissances inédites sur le type de logements auquel aspirent les Français au sortir de la Seconde Guerre mondiale. Les chiffres sont éloquents : la majorité souhaite habiter une maison individuelle avec un jardin et devenir propriétaire. Près de 75 ans après, les thèmes abordés dans l’enquête sont toujours d’actualité, le choix entre la propriété et la location, la maison en péri-urbain ou l’appartement en ville, la cuisine ouverte ou fermée. L’ouvrage de l’Ined aurait dû devenir une référence pour tout chercheur travaillant sur l’habitat ou tout acteur politique en charge du logement. Pourtant, malgré l’importance des résultats, l’enquête n’a pas eu l’accueil qu’elle aurait mérité aussi bien dans les milieux scientifiques que politiques. Ce décalage interroge d’autant plus que la publication de l’enquête intervient au moment même où se pose le problème de la reconstruction du pays et du choix du type de logements à construire. Il invite à relire les pages de l’histoire urbaine du siècle dernier et du début du XXIè siècle à travers les débats sur le modèle pavillonnaire.

La première recherche d’envergure sur les aspirations des ménages

Cette enquête, selon Alfred Sauvy, doit apporter les éléments de connaissance des besoins en logement nécessaires à l’action politique en cette période de reconstruction et de planification. Près de 2 500 personnes représentatives de la population urbaine sont interrogées en septembre 1945 sur leurs souhaits de logement. Le questionnaire comprend des questions à la fois sur le statut d’occupation, le type de logement, sa taille et sur l’aménagement intérieur des pièces et les dépenses d’habitation. Des plans sont proposés et l’interviewé doit choisir celui qui correspond le mieux à ses goûts et à ses vœux. Au moment de l’enquête, quelques mois après la Libération, les Français, dont les blessures de la guerre et de l’occupation restent encore ouvertes, sont confrontés à la pénurie alimentaire et aux difficultés d’accès au logement. Aussi, les interroger sur leurs préférences pour des W.-C. séparés alors que 48 % des ménages n’ont pas l’eau courante et 80 % sont dépourvus de W.-C. dans leur logement, ou leur donner le choix, plans à l’appui, entre une cuisine séparée ou une cuisine ouverte, alors qu’un logement sur dix n’a pas de cuisine et 50 % n’ont qu’une petite cuisine, peut en effet paraître incongru. De même, les interroger sur la taille des pièces et leur préférence entre un logement comprenant un grand séjour et de petits chambres et un logement avec un séjour plus petit et des chambres plus larges à une époque où près de 60 % des ménages s’entassent dans des habitations surpeuplées, a de quoi surprendre. Une question cependant sur l’utilisation de la cuisine pour se laver témoigne des conditions rudimentaires des logements de l’époque. Un tiers des enquêtés, notamment les retraités et les ouvriers, estiment que la cuisine peut être considérée comme un endroit pour la toilette. Ces questions auraient pu indisposer les enquêtés, soucieux avant tout d’accéder à un minimum de confort quand on pense que 10 % à peine des logements comportaient les trois éléments essentiels du confort sanitaire que sont l’eau courante, le W.-C. intérieurs et la baignoire ou la douche. Les enquêtés ont pourtant répondu avec enthousiasme, pointant même l’absence de questions sur le tout-à-l’égout, le vide-ordures, etc.
Leurs réponses ont permis de mieux cerner le logement souhaité par les Français au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Les deux tiers des ménages qui habitent les villes de plus de 20 000 habitants aspirent à devenir propriétaires de leur logement (70 % en province et 43 % à Paris). Rappelons que le recensement de 1946 ne comportait aucune question sur le statut d’occupation et qu’il a fallu attendre celui de 1954 pour connaître la proportion de ménages propriétaires de leur logement (35,5 % dans la France entière). À l’époque, la copropriété était très peu répandue, rendant difficile l’achat d’un appartement, les immeubles en ville étant possédés par un propriétaire unique. La location d’un appartement ou d’une chambre meublée était donc le lot de la très grande majorité des ménages, quelle que soit leur position sociale, les classes les plus favorisées satisfaisant leur désir de propriété à travers la maison de famille ou la maison de campagne à l’origine du développement des lotissements bourgeois de la région parisienne.
Par ailleurs, pour devenir propriétaire il fallait, avant la mise en place de système de crédit immobilier au milieu des années 1950, attendre l’héritage ou pouvoir constituer une épargne préalable, la propriété restant pour beaucoup de jeunes ménages un idéal à atteindre au cours de la vie.
Ce qui frappe alors, c’est la nette préférence des ménages pour la maison individuelle : 72 % plébiscitent ce type d’habitat (56 % à Paris). « La majorité des Français aimerait posséder un morceau de terre, cultiver leur jardin et voir se dresser au milieu des parterres de fleurs et de plants de légumes une maison, à l’écart de la ville, et qui ne soit qu’à eux. » Les personnes interrogées sont prêtes à augmenter d’une demi-heure environ la durée de leur trajet pour se rendre au travail afin de jouir de leur maison et du jardin. Le désir de confort l’emporte nettement sur la diversité puisque la majorité des personnes enquêtées choisirait d’habiter une maison construite en grande série, pourvu qu’elle soit bien équipée. Lorsqu’ils souhaitent habiter ou qu’ils habitent un appartement, leur préférence va à la loggia plutôt qu’au balcon. L’analyse des souhaits en matière de cuisine montre que la majorité des Français privilégie une cuisine indépendante où ils peuvent prendre leurs repas quotidiens.
L’enquête comporte aussi de nombreux renseignements relatifs à l’aménagement des pièces (préférence pour une réduction de la dimension des chambres afin de jouir d’une salle commune plus grande), l’usage de la salle de bains, d’une cave et d’un grenier, l’exposition du logement. Ces souhaits se retrouvent sur l’ensemble du territoire et ne semblent pas se différencier selon les régions, à l’exception de la région parisienne. Les analyses selon la catégorie professionnelle et l’âge permettent de mettre en évidence des différences entre classes sociales et entre générations. Les jeunes, de même que les membres des professions libérales, les industriels et les commerçants sont plus réceptifs à l’amélioration du confort et accepteraient une hausse de loyer, alors que les ouvriers sont moins ouverts et surtout moins disposés à en payer les avantages. On retiendra surtout les différences en termes d’habitat qui apparaissent entre les classes populaires et les classes plus favorisées.
L’autre intérêt de l’enquête se trouve dans l’analyse des souhaits des hommes et des femmes en matière d’habitation. En effet, les auteurs notent que les femmes préfèrent ne pas trop s’éloigner de leur lieu de travail, plébiscitent moins l’habitat individuel et estiment que l’appartement a l’avantage d’être plus facile à entretenir. Ce qui peut paraître surprenant à une époque qui valorise autant le travail domestique de la femme, comme en témoigne l’engouement pour le salon des Arts ménagers. Et quand elles évoquent l’attrait d’un jardin, il s’agit d’un jardin d’agrément à la différence des hommes qui choisissent le jardin potager. Cette attirance masculine pour la maison individuelle se confirme au moment de la retraite, les hommes envisageant plus souvent que les femmes de « se retirer à la campagne » pour cultiver leur jardin.
Les travaux de Girard et Stœtzel répondaient directement à une demande sociale de première urgence : trouver des solutions à la pénurie de logements, liée au manque de constructions entre 1920 et 1939, aux destructions de la guerre et à la forte demande des jeunes ménages et des migrants. D’ailleurs, l’Ined se propose « d’entretenir un large courant d’échanges entre les techniciens de la construction et l’opinion et de suggérer que notre avenir démographique est en partie solidaire d’une politique nationale de l’habitat ». Quelques années plus tard, les travaux de Louis Henry visant à mieux cerner les besoins de logements à l’aide de prévisions viendront compléter cette approche. Au début des années 1950, on savait ainsi quels étaient les souhaits des Français en matière d’habitation et le nombre de logements qu’il fallait construire pour accueillir les jeunes ménages, les migrants de province et de l’étranger.

Des aspirations largement ignorées par les politiques publiques jusque dans les années 1970

Dès 1948, Alfred Sauvy relativise les résultats de l’enquête dans la préface d’un article de Le Corbusier et écrit : « Nous croyons pouvoir dire que cette conception s’appuie souvent plus sur de vigoureuses survivances et des assises sentimentales que sur un examen profond de la question ». Directeur de l’Ined, proche des milieux politiques, Alfred Sauvy, « en demandant à Le Corbusier, bâtisseur des “cités radieuses”, d’exposer quelques-unes de ses conceptions  a ainsi cautionné le primat de l’habitat collectif et seul le chiffre de 72 % de Français désirant avoir une maison individuelle sera retenu par les experts du logement,  alors que l’enquête apportait beaucoup d’éléments sur l’aménagement des logements qui auraient dû retenir l’attention des architectes, notamment les choix en matière de cuisine. Une partie d’entre eux refuse même de tenir compte des désirs des familles, considérant qu’elles ne sont pas aptes à émettre des avis sur l’architecture. Et comme l’a souligné Henri Raymond, quelques années plus tard : « Il faudra une véritable révolution pour que ces usagers acquièrent, dans l’urbanisme, mieux dans l’urbain, les droits que personne ne leur conteste, que tout le monde veut leur accorder, leur élargir, mais qui, dans les opérations d’urbanisme où se produisent les urbanistes, leur sont systématiquement déniés » (Ferrand-Bechmann, 2007).
Au cours d’une table ronde organisée en 1982 sur les politiques urbaines françaises depuis 1945, Henri Raymond s’interrogeait sur les rapports entre l’analyse des liens famille-habitat et les projets de la technostructure (en particulier le rôle des ingénieurs des Ponts et Chaussées) qui s’était emparée à l’époque du modèle « corbuséen », tout en déformant le projet initial de l’architecte, et évoquait le « miracle français qui a consisté à impulser une politique du logement collectif dans un pays où la majorité des ménages souhaitaient une maison individuelle. La préface d’Alfred Sauvy, en confortant les architectes dans le rôle qu’ils revendiquent dans la modernisation de la société, semble avoir participé à ce « miracle français ».
Cependant, la crise du logement qui sévissait après-guerre n’explique pas entièrement ce « miracle français ». Ce décalage entre les aspirations des Français et les décisions des hommes politiques en charge du logement ayant conduit à la construction des grands ensembles, a des origines plus profondes qui remontent en réalité au xixe siècle. C’est à cette époque qu’émerge l’idéologie pavillonnaire fondée à la fois sur une conception individualiste et libérale du logement et sur des préoccupations sociales face à l’apparition du prolétariat dans les grandes villes et les centres industriels. Diverses expérimentations sociales et urbanistiques sont proposées, comme le familistère de Godin qui tente de concilier mode de vie agricole et mode de vie industriel, ou les cités ouvrières qui visent à améliorer les conditions de logement des travailleurs dans les grandes villes, notamment à Paris. Au-delà de la volonté de résoudre le problème du logement des ouvriers existe, surtout après 1848, une stratégie d’intégration qui passe par une véritable politique de réforme sociale par l’habitat. Frédéric Le Play est l’instigateur de la politique pavillonnaire naissante. La propagande idéologique qu’il mène s’inscrit à la fois dans la lignée du contre-révolutionnaire de Bonald et le mouvement réformiste. L’habitat pavillonnaire ne vise pas uniquement à améliorer les conditions d’habitat et le niveau de vie des ouvriers, mais doit contribuer à la restauration des valeurs et des cadres traditionnels de la famille, à leur insertion dans la société à travers la propriété et à leur attachement à l’usine et au travail. Les liens entre type d’habitat et comportements des habitants sont clairement établis. L’idée d’une réforme par l’habitat est encouragée par Napoléon III et donne naissance à plusieurs expériences émanant d’industriels protestants et catholiques comme à Mulhouse et au Creusot. À partir de la fin du xixe siècle, ces hommes politiques fortement influencés par les idées de Le Play contribuent à la mise en place d’une politique du logement favorable à l’habitation pavillonnaire qui sera à l’origine de la loi de 1894 créant les habitations bon marché (HBM), et de celles de 1906 et de 1908. Très rapidement, cette politique pavillonnaire prônant l’accession à la propriété, l’enracinement du prolétaire, le mariage ville/campagne, est vivement combattue par Engel dans la question du logement. Elle est d’autant plus critiquée que le « laissez-faire » libéral du début du xxe siècle est à l’origine de l’expansion des premiers lotissements populaires qui se développent de manière anarchique aux pourtours des grandes villes, notamment en banlieue parisienne, et qui aboutira au scandale des lotissements défectueux. L’image du pavillon liée aux banlieues sous-équipées et monotones va devenir pour longtemps un anti-modèle. Le clivage individuel/collectif s’accentue encore entre les deux guerres, notamment lors des débats de la loi Loucheur de 1928 où, en réaction au mitage pavillonnaire, les partisans du tout collectif/locatif et de la ville verte s’opposent aux défenseurs de la petite propriété et de la maison individuelle. Ils se fondent sur une vision urbanistique nouvelle qui sera peu après inscrite dans la Charte d’Athènes de 1933 à l’occasion du 4e Congrès international d’architecture moderne : « au socialisme utopique du collectif, le phalanstère de Fourier, a succédé l’urbanisme utopique du social, la Cité radieuse de le Corbusier » (Dezès, 2001, p. 173).
Soutenue par le régime de Vichy, l’idéologie pavillonnaire est encore plus discréditée, ce qui contribue à la victoire de l’habitat collectif au milieu du xxe siècle. Après la Seconde Guerre mondiale, le pavillon de banlieue devient « la bête noire » du ministère de la Reconstruction et de l’Urbanisme (MRU) qui dénonce « la marée pavillonnaire  qui avait marqué l’urbanisation de la région parisienne ». Aux critiques sociales et morales de la banlieue pavillonnaire s’ajoutent des critères techniques, la maison individuelle ne relevant pas de processus standardisés de construction et n’autorisant pas la planification de quartiers résidentiels bien organisés. Le souci du MRU est alors d’encadrer et de limiter ce désir de propriété mis en évidence par l’enquête de l’Ined. Comme l’écrit Susanna Magri en 2008, des hommes aussi autorisés qu’Alfred Sauvy et Eugène Claudius-Petit vont contribuer à promouvoir l’immeuble collectif, produit à grande échelle pour répondre aux besoins de logements. À partir du fameux hiver 1954, la priorité en faveur du logement collectif en location devient encore plus nette avec la construction massive des grands ensembles.
S’opposent ainsi deux modes d’habiter : le premier relie financement privé, propriété, maison individuelle et bourgeoisie, le second, sous l’influence du parti communiste, opère une homologie entre classe ouvrière, construction publique, location et habitat collectif. La maison est plus que jamais assimilée au passé et à une image traditionnelle de la famille, alors que l’habitat collectif représente l’avenir avec la modernité et l’émergence d’une société sans classe, nourris par le retour de la croissance économique et l’entrée dans l’ère des Trente Glorieuses. Il ne s’agit plus de diffuser, grâce à la propriété, les principes d’hygiène et les valeurs de la bourgeoisie dans le monde ouvrier, mais de faire des hommes nouveaux dans un habitat adapté : des hommes modernes.
Toutefois, cette volonté de transformer l’homme par son milieu se heurte non seulement à l’attachement à la maison, mais également au fait que le pavillon constitue de plus en plus une « valeur refuge » pour les catégories modestes. En effet, si la majorité des enquêtés en 1945 souhaitent être propriétaires, c’est parce qu’il s’est produit par rapport au xixsiècle un changement de comportement des classes populaires à l’égard de l’accession à la propriété pavillonnaire. La crise de 1929 a entraîné une forte augmentation des prix des pavillons et a contribué ainsi à ce retournement de tendance. Les ouvriers qui, comme le note Halbwachs, s’étaient désintéressés du logement pendant longtemps, ont commencé à considérer la pierre comme un investissement. Au moment de l’enquête, le taux d’inflation est de 48,5 % et atteindra même 58,7 % en 1948. Dans les familles reste encore le souvenir de cette inflation qui a réduit à néant l’épargne des classes populaires et des classes moyennes. Ce choix de la pierre se justifie d’autant plus que la loi de 1948 met fin au blocage des loyers de 1914 pour les logements neufs. Les Français, habitués à payer des loyers peu élevés, acceptent difficilement les augmentations du coût du logement, certains préférant rester des années dans des logements anciens au confort rudimentaire, mais bénéficiant du blocage des loyers de la loi de 1948.
Malgré la priorité donnée à l’habitat collectif, les gouvernements successifs ne peuvent totalement ignorer les désirs des Français et encouragent le développement de plusieurs projets (cité expérimentale à Noisy-le-Sec, soutien au mouvement Castor, maisons du plan Courant). En 1963, la préférence des Français pour la maison individuelle est confirmée par un sondage d’opinion sur lequel s’appuiera Paul Delouvrier pour expérimenter les « villages urbains » à l’origine des villes nouvelles. Deux ans plus tard, le souhait des Français pour la propriété est encouragé avec la libéralisation du crédit (création de l’épargne logement, création du marché du crédit immobilier, réforme de la copropriété) et le développement d’un marché de l’habitat individuel organisé et encadré sous l’impulsion d’Albin Chalandon.
Et lorsque le choix du type de logement et du statut d’occupation fut proposé aux Français avec les nouvelles incitations de la loi de 1977 – l’APL et les prêts PAP – qui, en libéralisant les circuits de financement du logement, a rendu possible l’industrialisation de la maison individuelle, les catégories moyennes (nouvelles classes moyennes salariées et fractions stables des classes populaires : techniciens, contremaîtres, etc.) optèrent pour le pavillon, le plus souvent situé dans les périphéries urbaines. Ce dernier correspondait à leur besoin d’espace, d’intimité, de sécurité que ne leur procuraient pas les grands ensembles qu’une partie d’entre eux avaient expérimentés. Certes, les habitants avaient pu enfin bénéficier du confort moderne, découvrir la salle de bains et le chauffage central, mais le bruit, la promiscuité, le manque de transports, l’éloignement des commerces et de l’emploi ont constitué de tels inconvénients que les grands ensembles furent rejetés et les pavillons d’autant plus recherchés. Les critiques « des barres et des tours » se firent de plus en plus virulentes ; selon les commentateurs de l’époque, elles engendreraient ennui, délinquance, suicide touchant particulièrement les femmes et les jeunes et surtout elles auraient échoué à créer de nouvelles formes de solidarités. Le modèle de Le Corbusier qui inspira les grands ensembles se révéla une utopie jetant le discrédit sur cette forme d’habitat collectif.

Des aspirations des ménages dévalorisés dans un premier temps en sociologie urbaine

Cette idéologie anti-pavillonnaire a été relayée par les chercheurs, notamment les sociologues urbains proches des architectes, urbanistes et responsables politiques. Selon Susanna Magri, les spécialistes des questions urbaines se sont bornés « tout au long des années 1950 et 1960 à déplorer un entêtement attesté de sondage en sondage [pour la propriété], fâcheusement contraire au parti pris unanime pour l’habitat vertical ». Ils ont validé en quelque sorte « l’image dévalorisée d’un pavillonnaire petit bourgeois, repoussoir de celle exaltée de l’ouvrier locataire d’un appartement moderne ».  Henri Lefebvre défend les idées de Le Corbusier tandis que Chombart de Lauwe, doutant du potentiel de la maison pour répondre aux besoins des familles ouvrières, considère les grands ensembles comme « de véritables laboratoires dans lesquels s’établissent les structures sociales de demain ». Ainsi, tant du côté des marxistes que des catholiques sociaux, tous croient en l’existence d’une ville nouvelle où se nouent des liens sociaux différents. Se forge ainsi le mythe d’un homme nouveau, ni bourgeois, ni prolétaire aliéné par des aspirations bourgeoises. Curieusement, les critiques formulées à l’égard des grands ensembles ne contribuèrent pas à revaloriser l’image de la maison individuelle et de la propriété. En 1966, Lefebvre dénonce la disparition de l’appropriation de l’espace et du temps dans les grands ensembles et plaide pour « une synthèse entre l’individuel et le collectif [qui] émergeait déjà dans l’œuvre de Le Corbusier ». Pour Chamboredon qui, dans un article célèbre, critique « la description moyenne » faite par Paul Clerc dans son enquête sur les grands ensembles, le changement des conditions de logement et de voisinage ne produit pas de transformations radicales et automatiques des comportements sous l’effet de la proximité physique entre groupes d’habitants. Loin d’unifier les modes de vie, l’habitat social divise la classe ouvrière et incite les ouvriers à rejoindre les classes moyennes en suivant une ascension résidentielle considérée comme « la récompense de l’ascétisme petit bourgeois » qui se concrétise dans la propriété du pavillon de banlieue comme l’écrivent Chamboredon et Lemaire en 1970.
La création d’un homme moderne n’a pas eu lieu. Dès qu’il a pu, l’ouvrier s’est tourné vers l’habitat pavillonnaire pour avoir un chez soi et surtout un jardin. Ce désir d’autonomie dans l’habitat a été analysé au milieu des années 1960 par l’équipe de l’Institut de Sociologie urbaine (ISU) dans ses travaux sur les pavillonnaires. Considérant qu’il « était quand même difficile de considérer que près des ¾ de la population vivaient dans le passé ou dans l’utopie », Henri Raymond, Marie-Geneviève Raymond, Nicole Haumont et Bernard Haumont réalisent les premières recherches d’envergure sur la maison individuelle. Il est intéressant de rappeler ici que ces travaux sur le pavillonnaire s’inscrivent dans un programme de recherche plus large mené au sein du Centre de recherche d’urbanisme dirigé par Pierre George. L’objectif est d’observer les attitudes des Français face à deux situations opposées d’habitat : le pavillon et les grands ensembles. Le premier thème est confié à l’ISU, le second à l’Ined dont l’expertise sur les problèmes de logement est reconnue depuis la première enquête sur les désirs des Français. Le grand intérêt de ces recherches est de montrer que tous les espaces habités méritent d’être étudiés, qu’ils soient idéologiquement valorisés comme les HLM ou disqualifiés comme les pavillons. L’équipe de l’ISU adopte alors une approche compréhensive des pratiques d’habiter en rupture aussi bien avec les approches fonctionnalistes des architectes et urbanistes qu’avec le « paradigme struturalo-marxiste » des sociologues urbains de l’époque. Pour les auteurs de cette recherche, le pavillon « ne constitue ni un archaïsme, ni une pure expression culturelle et idéologique de l’individualisme petit-bourgeois ».
Ils ont cherché à comprendre cet engouement pour l’habitat individuel et ont montré l’importance pour les habitants de s’approprier un espace, le besoin d’avoir un toit. « Le pavillon correspond à une certaine pratique de l’habitat, il n’est pas le vêtement étroit et ridicule que la petite bourgeoisie se donne faute de châteaux ». Toutefois comme le note Susanna Magri, si ces recherches ont le mérite de nuancer les analyses des architectes et des hommes politiques qui condamnent le pavillon comme une solution urbanistique dépassée, elles ne constituent pas pour autant une réhabilitation totale de l’habitat pavillonnaire. D’après Henri Lefebvre, « Cette réhabilitation ne va pas sans une critique fondamentale ». Pour Nicole Haumont, il s’agit surtout de prendre au sérieux les besoins d’appropriation et d’organisation de l’espace en les intégrant dans la conception des logements dans les grands ensembles. L’idéologie petite bourgeoise est toujours présente et le propriétaire du pavillon de banlieue issu du prolétariat suspect d’avoir trahi la classe ouvrière. Comme Chombart de Lauwe, Nicole Haumont constate en 1968 que « le repli sur la maison est un des éléments du mode de vie petit bourgeois adopté en quelque sorte par la classe ouvrière ». Pour Bourdieu, le propriétaire du pavillon en paiera le prix parce qu’en « s’engageant dans des projets souvent trop grands pour lui, parce que mesurés à ses prétentions plus qu’à ses possibilités, il s’enferme lui-même dans des contraintes impossibles ». Non seulement son embourgeoisement lui sera reproché mais également ses échecs pour accéder aux « libertés bourgeoises » ce qui justifiera encore plus la dénonciation du mythe pavillonnaire par les sociologues et philosophes.
Avec le changement de politique du logement à la fin des années 1970 et la diffusion de la propriété dans les fractions supérieures des classes populaires et dans les classes moyennes, le regard se modifie et se porte moins sur le caractère petit bourgeois du propriétaire et davantage sur les conséquences de l’étalement urbain. Les lotissements pavillonnaires sont même décrits comme des «villages» où émergent de nouvelles sociabilités locales dans le cadre associatif ou politique. Le lien entre propriété et droite n’apparaît plus aussi évident avec la poursuite, après la victoire de la gauche en 1981, d’une politique en faveur de l’accession à la propriété et de la maison individuelle, même si le lien propriété et droite a été réaffirmé par Nicolas Sarkozy lors de son discours de lancement de la présidentielle le 14 janvier 2007.  D’après Bourdieu, ce peuple, « bien qu’il soit, pour une part le produit d’un libéralisme visant à l’attacher à l’ordre préétabli par les liens de propriété, continue à faire crédit, dans ses votes, aux partis qui se réclament du socialisme ».
Ainsi, la propriété qui avait été dénoncée par la gauche tout au long du xixe siècle et durant la première moitié du xxe siècle n’est plus systématiquement remise en cause. Pour Roger-Henri Guerrand, le couple propriétaire-locataire est enfin réconcilié ; il en va différemment de l’habitat individuel qui fait toujours l’objet de multiples critiques, aussi bien dans les médias que dans les travaux scientifiques. Durant les années 1990, les critiques des chercheurs portent plus sur les politiques que sur les accédants à la propriété de pavillons dans les lotissements. Ils apparaissent comme des victimes qui ont cru au rêve pavillonnaire que leur ont vendu les promoteurs et constructeurs. Pour Topalov, il n’est pas « nécessaire d’invoquer la préférence innée des Français pour la maison monofamiliale avec jardin » pour expliquer la croissance de l’habitat pavillonnaire.

Un décalage entre experts et habitants toujours d’actualité

Depuis le début du xxie siècle, les préférences des ménages pour la maison individuelle font plus que jamais l’objet de violentes attaques de la part des médias et des experts qui ne sont pas sans rappeler les arguments utilisés au cours du siècle dernier. Ce n’est pas tant la propriété qui est visée que l’accession forcée en pavillon dans le périurbain. Avec Anne Lambert, on peut distinguer plusieurs registres de critiques : le premier concerne l’esthétique de l’habitat pavillonnaire et de son environnement, le deuxième les habitants des maisons individuelles décrits comme individualistes et conservateurs, le troisième renvoie aux politiques d’accession à la propriété qui entraîne les pavillonnaires à s’endetter au-delà de leurs possibilités, et le quatrième est écologique avec la montée des préoccupations concernant le développement durable. Dans un article de la Revue Française de Sociologie, consacré au périurbain, Damon, Marchal et Stébé résument ainsi leurs discours « Habituellement décrié comme présentant une empreinte environnementale excessive et alimentant l’étalement urbain, avec des habitants suspects de conservatisme et de conformisme, le périurbain n’a pas bonne presse. Célébré par des promoteurs immobiliers, critiqué, parfois avec condescendance voire dégoût, par des journalistes et des experts engagés, le périurbain occasionne des discours très discordants ». Les critiques concernent ainsi non seulement le caractère « moche » des constructions, la consommation excessive de terre et d’énergie, la pollution automobile, la relégation des classes moyennes ou paupérisées à la périphérie des villes, mais également les comportements des périurbains. Ils incarnent La France des pavillons et des lotissements, de la voiture. À nouveau, les habitants se voient reprocher de vivre repliés sur leur maison et leur jardin, leurs comportements électoraux sont suspects car à l’origine de la montée du Front national dans la France périphérique.
Même si les travaux de géographes nuancent fortement ces critiques en montrant combien le périurbain est devenu de plus en plus complexe au fils du temps, qu’il est pluriel économiquement, diversifié socialement, hétérogène en termes de trajectoires résidentielles, également laboratoire et parfois lieu de pratiques innovantes, le pavillon est toujours discrédité au regard de ses conséquences sur l’environnement et son propriétaire jugé irresponsable.
Le décalage entre les aspirations des Français pour la maison individuelle révélées dès 1945 par l’enquête de l’Ined et les positions des experts relayés par les médias est toujours là. En dépit des critiques, la préférence des ménages pour la maison individuelle n’a pas diminué, comme le montrent les enquêtes logement depuis 1955 sur les souhaits de déménagement. En 1966, l’enquête de Nicole Haumont sur les pavillonnaires réalisée au moment même de la construction des grands ensembles conforte les résultats des travaux de Girard et Stœtzel. Il en sera de même des différents sondages réalisés au fils du temps : en 1990, 78 % des individus déclarent souhaiter habiter une maison, 80 % en 1999. L’enquête Peuplement de Paris réalisée par l’INED en 1986 qui retrace l’histoire résidentielle, professionnelle et familiale de près de 2 000 Franciliens âgés de 50 à 60 ans se terminait par une question sur le logement idéal. La préférence pour l’habitat individuel apparaît d’autant plus forte que l’enquêté a vécu durant l’enfance dans une maison, que son conjoint a la même expérience résidentielle et qu’ils vivent au moment de l’enquête dans ce type d’habitat. Pour nombre d’enquêtés de Paris et de ses banlieues, notamment ceux qui appartiennent aux classes moyennes et supérieures, la solution idéale reste la double résidence, le désir de maison se réalisant alors au travers de la résidence secondaire. En 2004, le Credoc reprend cette question du logement idéal dans un sondage. Pour 82 % d’entre eux, la maison individuelle représente le type d’habitat qui correspond le mieux à leurs attentes. Comme dans l’enquête Désirs des Français en matière d’habitation, le jardin reste l’argument le plus souvent avancé pour justifier le choix d’une maison. Il apparaît essentiel dans la recherche d’un cadre de vie plus proche de la nature.
Mais les Français préfèrent-ils vraiment la maison et le pavillon, s’interroge Julien Damon ? Cet engouement pour l’habitat individuel repérable dans les statistiques de l’Insee est-il lié, comme l’analysait C. Topalov, aux effets de la structuration de l’offre et des politiques de logements plutôt qu’à un désir profond de maison ? L’augmentation de la proportion de maisons individuelles dans le parc de logements constaté dans les enquêtes logement (52 % en 1962, 57 % en 2013) ne permet pas a priori de conclure dans un sens ou dans un autre. Elle pourrait également résulter à la fois d’une adhésion au modèle de propriété individuelle intériorisé par les ménages et des politiques de logement. Le Commissariat général au Développement durable a mené une étude à partir d’une « expérience de choix » qui a permis de reconstituer les préférences révélées et les préférences observées des ménages en matière de logement. Elle met en évidence la façon dont les ménages arbitrent entre différents types d’habitat et caractéristiques. L’exploitation économétrique de ces « expériences de choix » révèle notamment une préférence marquée pour l’habitat individuel : les ménages sont disposés à payer un tiers plus cher en moyenne pour une maison que pour un appartement, dont les autres caractéristiques sont identiques (surface, proximité au centre-ville ou lieu de travail, mode de chauffage, isolation thermique). D’après les auteurs du rapport, cette préférence serait plutôt liée à un choix réel qu’à une reconstruction a posteriori, ce qui tend à valider les résultats des sondages d’opinion du Moniteur et du Credoc.
Une autre étude de l’Observatoire des Villes permet d’aller plus loin en caractérisant de manière visuelle les choix des personnes interrogées en matière de type d’habitat. La méthode est la même en réalité que celle adoptée dans l’enquête Désirs des Français en matière d’habitation urbaine. Alors qu’en 1945, les images concernaient la cuisine et la salle à manger, l’aménagement des chambres ou des extérieurs, il s’agit là de proposer au choix sept visuels représentant le type de logement : la maison selon qu’elle est isolée, en lotissement ou en ville, l’appartement selon la taille et le type de l’immeuble (haussmannien, petits collectifs, grands ensembles, etc.). Dans les deux cas, les visuels ont été dessinés par des architectes. Les résultats sont sans appel. En 2007, 87 % des enquêtés souhaitent vivre en habitat individuel. La maison isolée arrive en tête du sondage avec 56 % des réponses contre 20 % en zone pavillonnaire et 11 % en ville. On observe les mêmes tendances en 2007 qu’en 1945, à savoir que les jeunes choisissent plus souvent la maison que les personnes âgées, les ouvriers que les classes les plus aisées, les propriétaires que les locataires, les habitants d’une maison individuelle que ceux qui vivent en appartement. Le jardin apparaît toujours comme la raison première qui conduit les ménages à privilégier l’habitat individuel. Comme le souligne Julien Damon à propos des résultats du sondage de l’Observatoire des Villes, « le résultat le plus important, le plus éclatant pourrait-on dire est le plébiscite non pas du logement individuel (catégorie abstraite et administrative) mais celui de la maison isolée, entourée de son jardin ». Le pavillon en lotissement apparaît loin derrière la maison isolée, sans doute parce que les jardins ne protègent pas assez du monde extérieur (voisins, passants) malgré les haies qui les entourent, ne répondent pas suffisamment au besoin d’isolement et d’intimité et que les règlements de copropriété limitent la liberté d’usage des lieux et le sentiment d’appropriation du logement.
Rétrospectivement, il est surprenant de voir que de l’enquête n’a été retenu que le rêve de la maison aussitôt décrié par les architectes, les urbanistes et les sociologues alors que l’étude apportait de nombreux éléments sur l’aménagement intérieur du logement, notamment sur l’organisation de la cuisine qui fait toujours l’objet de nombreux travaux sociologiques. Les opinions des habitants n’ont jamais réellement été prises au sérieux malgré la tentative de réhabilitation de leur parole dans les recherches entreprises sur les pavillonnaires au milieu des années 1960. Il n’en reste pas moins vrai que l’enquête de 1945 a constitué une réelle avancée non seulement dans la connaissance des besoins des ménages en termes d’habitat, mais également dans les méthodes de collecte. À l’heure où les débats sur le périurbain se multiplient, où les inégalités de logement augmentent avec la précarité résidentielle et la hausse des prix de l’immobilier, les questions quant au choix de localisation, de type de logement, d’aménagement intérieur, les différences observées selon les classes sociales et le genre restent d’une étonnante actualité.

Catherine Bonvalet
Mars 2020

Accès à l’ouvrage : https://www.ined.fr/fr/publications/editions/etudes-enquetes-historiques/desirs-des-francais-en-matiere-d-habitation-urbaine/


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Auteur/autrice

  • Catherine Bonvalet

    Directrice de recherche émérite à l’INED et chercheure associée à l’unité de recherche sur le vieillissement de la CNAV. Ses recherches portent sur le logement, le vieillissement et l’histoire résidentielle des baby-boomers. Elle mène actuellement à partir des enquêtes biographiques de l’INED une recherche sur les trajectoires résidentielles, géographiques et familiales des générations de Franciliens nées entre 1911 et 1950.

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