Densité

Exprime un rapport théorique entre une quantité ou un indicateur statistique (nombre d’habitants, d’emplois, d’entreprises, de mètres carrés de plancher, etc.) et l’espace occupé (logement, surface de terrain brute ou nette, surface de terrain cessible, ou autres indicateurs de superficie à différentes échelles géographiques) (Fouchier, 1997)

La notion de densité se décline donc au pluriel, selon l’aire géographique de référence, le type de surface de référence et, bien sûr, l’indicateur statistique pris en compte.

L’échelle et les densités brutes ou nettes

La densité ne prend de réelle signification que si elle est rapportée à une échelle de référence, qui dépend des études et de leurs objectifs. Elle varie du très local au continental : de l’unité de logement ou de pièce par exemple, jusqu’à l’échelle des pays, pour aborder des problèmes de « surpopulation ».
La plupart des études citant des chiffres de densités s’appuient sur les surfaces brutes communales. Mais plus l’espace considéré est vaste, moins il est significatif de parler de densité et de faire des comparaisons, car la liste des équipements, fonctions diverses et espaces particuliers (lacs, rivières, forêts, cimetières, etc.) à prendre en compte s’allonge. ll convient donc souvent de distinguer densité nette et densité brute :
– la densité nette prend en compte l’ensemble des surfaces occupées uniquement par une affectation donnée (urbain, logement, activité, commerce, équipement…), à l’exclusion des autres ;
– la densité brute prend en compte l’espace considéré intégralement, sans exclusion : les équipements collectifs, espaces verts, plans d’eau, rivières, équipements d’infrastructure et de superstructure sont inclus dans le calcul. La densité brute est très dépendante de l’échelle de référence, ce qui rend les comparaisons difficiles.

Densités et formes urbaines

Il faut opérer la distinction fondamentale entre les densités de contenant et les densités de contenu : les premières concernent le bâti (correspondant aux coefficients d’occupation du sol des plans d’urbanisme ou des permis de construire) alors que les secondes concernent les usagers (habitants, employés, clients).
Les densités mesurées pour le bâti, selon les formes urbaines, ne sont pas en relation directe avec les densités de population ou d’emploi. Des formes urbaines similaires peuvent correspondre à des densités de population très diverses. A l’inverse, des formes urbaines différentes peuvent correspondre à une même densité.
Il faut souligner que les règles d’urbanisme en France ont récemment abandonné l’usage du coefficient d’occupation des sols, qui régissait auparavant la densité de construction à la parcelle (dans le plan d’urbanisme communal) : elles privilégient maintenant des règles de gabarit (hauteur, recul sur voirie…), plus adaptées à la gestion des formes urbaines.

Critères de contenu : intérêt de la densité humaine

La combinaison des habitants et des emplois dans les calculs de densités paraît essentielle, notamment pour croiser les densités de contenant et les densités de contenu et dans le cas de tissus urbains mixtes. Les spécialistes des flux et des transports retiennent cette notion de densité humaine (V. Piron, 1994). Dans une perspective de planification, on peut aussi calculer une densité humaine nette, en additionnant population et emplois, uniquement pour les espaces urbanisés :
Densité humaine nette = (Nombre d’habitants + Nombre d’emplois) / surface urbaine
La densité humaine nette offre une solution pour comparer des tissus différents et dépasser, statistiquement et intellectuellement, les effets du zonage institutionnel (Fouchier, 1994).
Elle éclaire bien la notion « d’intensité urbaine », que les politiques d’urbanisme visent à augmenter pour des questions liées à l’animation de l’espace public, le lien aux transports collectifs et la limitation de la consommation d’espace (OCDE, 2013).

Densité perçue

Par opposition aux densités dites mesurables, il convient de définir une « densité perçue », correspondant non pas à une réalité physique mais à la perception qu’en ont les usagers. Cette notion est subjective et explique pourquoi on parle de « forte » ou de « faible » densité.
La densité perçue n’est pas équivalente à la densité mesurée. La densité physique se compose à la fois de la densité mesurable et de critères « qualitatifs ». Ces derniers comprennent les aspects de la densité physique qui ne peuvent pas être mesurés, tels que la diversité des formes, la hauteur et les détails des bâtiments, le paysagement, la sociologie, etc.

Vincent Fouchier
Mars 2015

conditions de logement, documents d’urbanisme, « Les sens de la mobilité »

Auteur/autrice

  • Jean Bosvieux

    Jean Bosvieux, statisticien-économiste de formation, a été de 1997 à 2014 directeur des études à l’Agence nationale pour l’information sur l’habitat (ANIL), puis de 2015 à 2019 directeur des études économiques à la FNAIM. Ses différentes fonctions l’ont amené à s’intéresser à des questions très diverses ayant trait à l’économie du logement, notamment au fonctionnement des marchés du logement et à l’impact des politiques publiques. Il a publié en 2016 "Logement : sortir de la jungle fiscale" chez Economica.