Ce terme définit moins un type de logement que le fait d’occuper illégalement un lieu privé.
De ce fait, il existe une très grande variété de bâtis, de locaux qui se trouvent définis par ce mot d’origine anglo-saxonne puisque seul le statut (ou plus exactement l’absence de statut légal) importe dans ce cas. François Clanché (1998) distingue trois dimensions permettant de caractériser les logements allant du plus confortable au plus précaire. Tout d’abord le type physique de l’abri (le « toit ») : il peut s’agir de logements (donc destinés à l’habitation) dans un immeuble, un pavillon, une ferme… mais aussi de bureaux, d’entrepôts ou de tout autre local industriel, artisanal ou commercial. Il s’agit donc d’« un logement ou un hébergement de fortune privatif où les personnes peuvent laisser leurs affaires ».
En second lieu, le statut d’occupation est très spécifique car la/les personne(s) qui occupe(nt) ce lieu sont des « occupants sans titre », c’est-à-dire que les propriétaires de ces lieux privés n’ont accordé aucun droit à ces occupants (si le lieu n’est pas destiné à l’habitation, il n’y a pas de sanction pénale encourue pour violation de domicile). Là encore les situations peuvent être diverses : le ménage squatter peut payer un loyer à un escroc se disant propriétaire, il peut s’agir d’un groupe de militants revendiquant un droit (le droit au logement, par exemple, et l’on songe à l’occupation de l’immeuble de la rue du Dragon à Paris au début des années 90, ou le droit à l’expression artistique et viennent à l’esprit des immeubles ou entrepôts squattés par de jeunes artistes), on trouve aussi le cas de familles logeant dans un appartement (HLM ou bailleur du secteur privé) et ne payant plus de loyer en attendant une expulsion, un groupe de jeunes occupant un pavillon abandonné dans la banlieue déshéritée d’une grande ville, un couple vivant dans une grange en ruine, etc.
La dernière dimension concerne la stabilité/précarité de la situation au cours du temps (« pour combien de temps ? »). Le ménage de squatters en HLM paraît vivre dans un logement semblable à celui de ses voisins (bien que l’absence probable d’électricité et de gaz ne soit pas une différence négligeable), cependant il risque à tout moment l’expulsion par les forces de l’ordre (ou des mesures d’intimidation comme le bris de sa porte d’entrée). Le même raisonnement peut être appliqué aux autres situations évoquées (par exemple, les jeunes squattant le pavillon de banlieue sont à la merci de la dénonciation d’un voisin ou d’une patrouille de police découvrant leur occupation illégale). On peut donc dire que la pérennité de leur situation peut être compromise à (très) court terme ; ces personnes n’ont « aucune sécurité de logement au-delà d’une semaine ».
Dans une acception plus restreinte utilisée, par exemple, dans l’enquête Sans domicile 2012, ce lieu privé occupé illégalement doit être un logement ordinaire non muré, sinon, dans le cas d’un bâtiment industriel, par exemple, ou d’un logement muré, on parlera de « sans-abri », personne occupant un lieu non prévu pour l’habitation.
Maryse Marpsat
Mars 2015